Une circulaire vient de tomber. Elle semble préciser les conditions d’organisation du temps scolaire à compter de la rentrée. Une lecture rapide du texte, à l’invitation de mon épouse enseignante, me fait constater que la demi-journée de classe supprimée va âtre rétablie.Adieu les week-ends romantiques : l’Éducation nationale qui nous condamne déjà aux départs en vacances en période de pointe met fin aux potentielles escapades dès le vendredi soir. Non pas : rassurant les tour-operators, le Ministre évoque plutôt le mercredi matin. Au-delà de la détestable habitude du ‘trois pas en avant, trois pas en arrière’ qui vient une nouvelle fois d’illustrer l’action du gouvernement, cet avènement du mercredi matin travaillé indispose le président d’association de jeunesse que je suis à temps perdu.
De fait, ce mercredi matin scolarisé fait peser une véritable menace sur l’économie des loisirs éducatifs, massivement gérée sans but lucratif par des associations. Je songe évidemment à notre école de danse, à l’accueil de proximité, … Mais aussi à l’école de cirque que fréquentent mes enfants. Comment assurer l’équilibre financier précaire de nos structures avec une demi-journée de moins d’activité ? Tout un secteur est menacé, déjà fragilisé par le développement d’un entrepreneuriat social qui se positionne sur des services voisins et menace de poursuites les associations éducatives ou de l’économie solidaire pour concurrence déloyale.
N’y voyez pas qu’une question financière. Au-delà, c’est un système tout entier qui est ébranlé. Un système où famille, école et tiers lieux éducatifs partagent en harmonie le but de permettre aux enfants de devenir des adultes responsables, éclairés et porteurs de projets. Ces quelques heures d’école en moins étaient rapidement devenues pour les enfants une occasion supplémentaire d’accéder à la culture, au sport, à l’éducation,… ailleurs qu’à l’école et avec d’autres adultes. Une chance de se défaire de l’étiquette de timide, maladroit, brillant, bavard, en difficulté, … épinglée à leur livret scolaire. Et aussi un temps consacré au repos, au droit d’être un enfant, pas un lecteur/enregistreur de connaissances.
Que ce temps libéré des enfants soit conservé me semble prioritaire. Et s’il faut remettre les enseignants au travail (ne font-ils donc rien ?), qu’on les envoie plutôt ces quelques heures à la rencontre d’autres mondes que l’école. Ainsi feront-ils bouger les lignes des programmes et élargiront les frontières de leur classe pour le plus grand bien de tous.
La mise en place par l’association APIS d’un accompagnement éducatif en lien avec l’école des Calanques dans les quartiers sud de Marseille m’a fait prendre conscience que l’école n’est pas un donjon dans lequel se terre la République. Alors que divers événements semblent démontrer que l’instruction publique manque à ses objectifs d’intégration, de socialisation et de formation, prisonnière de représentations désuètes de l’enfant devenu élève, renvoyer les enfants à l’école ne me paraît pas la solution.
Ne lisez ici aucune mise en cause du courageux corps enseignant. Combien sont encore ceux qui s’engagent ! Seulement la conviction que bien travailler à l’école n’est pas le seul moyen de réussir sa vie, ni de changer le monde.
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Cordialement, Marc Guidoni