mardi 11 mai 2010

La Finlande, l’autre pays de l’école (2)

Meilleur système éducatif européen selon les critères de l’OCDE (enquête PISA), le système finlandais ne se caractérise pas seulement pas le rythme de travail des enfants et des jeunes. C’est le sens des observations réalisées par la mission parlementaire emmenée par de Mme Colette MÉLOT, M. Pierre MARTIN, Mme Françoise CARTRON, M. Claude DOMEIZEL et Mme Lucienne MALOVRY, qui ont remis le 7 avril dernier un rapport au nom de la commission de la culture du Sénat. Nous examinons ici le sort réservé aux acteurs principaux, enseignants et élèves.


Une forte autonomie des acteurs 
Le programme d'enseignement national est défini par la Direction nationale de l'enseignement et inclut des objectifs et des critères d'évaluation. A l'intérieur de ce cadre, les écoles et les communes déterminent alors leurs propres programmes en accord avec le contexte local.
 
Quant aux enseignants, ils peuvent choisir librement leurs méthodes et leur matériel d'enseignement. Ils choisissent les manuels, décident du contenu des cours et des modalités d'évaluation, sont chargés de la discipline, sont en contact avec les parents, doivent se concerter avec les autres enseignants de leur matière et de leur classe. Il convient de noter qu'ils suivent leurs élèves le plus longtemps possible dans leur scolarité.
 
Le sort des enseignants

Les enseignants sont généralement des généralistes (équivalent de notre professeur des écoles) durant les 6 premières années de l'enseignement fondamental, tandis que durant les 3 dernières années (collège) et dans le second cycle (lycée), ce sont des professeurs de disciplines. Les enseignants généralistes sont titulaires d'un diplôme obtenu en 5 ans, et les professeurs de matières sont titulaires d'une maîtrise dans la discipline qu'ils enseignent. Ils ont également un diplôme d'études pédagogiques, soit 6 à 7 ans d'études au total.

Les enseignants sont fonctionnaires municipaux, mais nombre d'entre eux sont sous contrat à durée déterminée. Leur recrutement s'effectue par voie d'élection par le conseil d'école ou le conseil de direction du lycée, et par leur directeur. 70 % du corps enseignant est féminin.

Au total, compte tenu du temps de préparation des cours et de correction, le temps de travail des enseignants finlandais est évalué à une fois et demie leur temps d'enseignement, soit 30 heures en incluant le travail d'équipe. Pour ce qui concerne les autres niveaux, le temps de travail des enseignants dépend du niveau et de la matière enseignée : de 18 à 24 cours au collège et de 16 à 23 cours au lycée, sans compter le travail d'équipe.

Le métier d'enseignant est très valorisé en Finlande. Ainsi, en 2009, 12 % des étudiants entrant à l'université souhaitaient exercer le métier d'enseignant. Pourtant, d'après les données de l'OCDE, le salaire des enseignants finlandais est dans la moyenne et non dans la fourchette supérieure. La gratuité des études et la reconnaissance du métier par la population contribuent aussi à expliquer son attractivité.

Une école au service de l’élève 
Le système éducatif finlandais est fondé sur le principe suivant : l'élève ne doit pas s'adapter à l'école mais l'école doit s'adapter à l'élève.
 
L’évaluation est participative 
Il est instructif de préciser l'esprit qui prévaut à l'évaluation de l'élève : il s'agit de l'évaluer par rapport à lui-même, à ses propres progrès et non par rapport aux autres. L'objectif n'est pas d'entretenir une compétition entre les élèves mais de les soutenir et de leur donner différentes possibilités d'apprendre, chaque enfant étant différent. L'objectif est aussi de permettre à l'élève de mieux se connaître, d'avoir confiance. Ses enseignants attendent que sa motivation se renforce. [Cela] permet notamment d'éviter un certain nombre d'échecs scolaires liés au découragement des élèves. Les redoublements et les abandons sont très rares.

La prééminence de méthodes actives

On trouve encore des classes avec une disposition traditionnelle, c'est-à-dire des élèves faisant face au professeur qui dispense un cours magistral. Toutefois, les jeunes Finlandais semblent être plus souvent en activité que les jeunes Français : le travail par groupe est encouragé, notamment en cas de différences dans le niveau d'apprentissage, et ils travaillent souvent seuls avec un matériel à disposition (livres, ordinateurs, vidéoprojecteur, téléviseur, lecteur de DVD).
 
Les relations entre enseignants et lycéens apparaissent très décontractées. Ainsi que le précise M. Paul Robert dans la revue Educpros du 8 octobre 2009 : « l'ambiance est détendue, chaleureuse. L'autorité est souple. Il est normal, par exemple, de tutoyer le professeur, voire de lui faire la bise en partant ! On observe, d'une manière générale, une grande souplesse par rapport aux règles de vie, et personne n'est choqué de la grande décontraction des élèves, y compris vestimentaire. Du coup, ils peuvent être eux-mêmes et chacun se montre très respectueux de l'autre. »

- à suivre -

Retrouvez ici l’intégralité du rapport Finlande : le bon élève des systèmes éducatifs occidentaux peut-il être un modèle ? (Rapport d'information n° 399    2009-2010 fait au nom de la commission de la culture, déposé le 7 avril 2010).

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Marc Guidoni