Dans le concert des revendications du jour, quelle place tiendra le sort des bons élèves ? Ce n'est sans doute pas le moment d'en ajouter aux polémiques, mais après tout, dans un système de promotion défaillant mais qui continue d'encourager tous les enfants à poursuivre toujours plus avant leurs études, reculant sans cesse l'arrivée dans le monde du travail, il est permis de s'interroger sur la réelle justice de la réforme qui s'annonce.
D'abord, quel intérêt de à la fois repousser l'âge légal et de rallonger la durée de cotisation ? Si l'on s'en tient aux statistiques : qui dans 10 ans pourra encore se prévaloir d'une retraite à taux plein à 60 ans avec 42 trimestres de cotisation ? Les bébés mannequins des catalogues de VPC ? Autant ne pas toucher à ce seuil symbolique.
Ensuite, quelle prise en compte de la poursuite d'études dans le calcul de la pension ? De fait, on pense à trouver des compensations à la pénibilité physique. C'est juste. Mais une équation laisse sans voix : ceux qui font des travaux pénibles sont majoritairement (désolé) les personnes qui sont sorties sans qualification de l'école. Le système à venir comporte donc une double peine pour les bons élèves : de longues années d'études au nom de la méritocratie républicaine, souvent des postes à responsabilité comportant un niveau de stress professionnel intense (peu de burn out chez les travailleurs de force, mais si le dos, c'est douloureux).
Évidemment, c'est une complainte d'ex premier de la classe. Mais c'est aussi le douloureux constat qu'à ce rythme, je ne suis pas prêt de prendre la retraite, tout en contribuant largement à payer celle de ceux qui durant des années jouaient puis jouissaient d'une certaine insouciance / indépendance pendant que je préparais mes examens. J'arrête, je vais tâcher de trouver un train ...
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Cordialement, Marc Guidoni