12 millions d’élèves en France, plus d’1 million de personnels
dépendant de l’Education nationale dont 850 000 enseignants, et près de 65 000
établissements scolaires. Et les familles. Face à eux un Ministre qui s’isole peu à peu, revendiquant
une profonde réforme, une « refondation », de l’Ecole de la
République, poursuivant les objectifs honnêtes et ambitieux de la réussite pour
tous selon un rythme d’apprentissage plus respectueux des principaux intéressés :
les enfants. C'est pas gagné.
Les enquêtes et les rapports se sont empilés. Rien n’à faire.
Seules les alternances politiques ont eu un impact réel sur le calendrier
scolaire. Pourtant, chacun sait ce qui ne va pas dans notre école française :
des programmes mal fichus, approximatifs et répétitifs, des journées trop
longues, des semaines trop courtes, des profs centrés sur des démarches
disciplinaires et peu formés à l’appréhension de leur public…
De l’école de Ferry à celle de Peillon, il faudrait être bien cruche pour prétendre que le monde n’a pas changé : technologies, loisirs,
culture… il ne s’agit plus d’occuper les enfants entre les saisons des champs,
ou de retarder leur entrée à l’usine. Il reste une ambition intacte :
éclairer les consciences, pour assurer l’avenir de notre modèle démocratique,
de notre pacte social.
Balançant souvent entre instruction et éducation, l’école de
la République a failli sur chacune de ces missions. Les élites se sont
reconstituées, plus fortes et plus fermées. Le privé s’est embourgeoisé souvent au mépris même de ses propres
fondamentaux.
L’école n’élève plus des citoyens, elle fabrique des crétins et
aggrave sans cesse les clivages sociaux. Et regardez nos enfants : de
redoutables magnétophones qui débitent des leçons ineptes, mais qui ne lisent
pas, n’écrivent pas et perdent peu à peu les repères fondamentaux :
valeurs, histoire, littérature... dans des cours donnés sans envie ni sens par des maîtres débordés et fragilisés.
Ce que nous propose Vincent Peillon, c’est de tout mettre
par terre. Tout casser pour mieux reconstruire. J'en suis sûr, c’est la seule solution. On
conteste aujourd’hui les heures hebdomadaires et la durée des vacances. Il y avait place pour la négociation. Tant pis. Mais combien
serons-nous lorsqu’il s’agira du contenu des programmes ? Hélas sans doute
beaucoup moins.
Gardons nos forces. N’engageons pas toute notre énergie dans
une bataille déjà perdue contre les lobbies hôteliers. Gardons nos esprits
clairs pour ferrailler avec les conseils et commissions qui déjà construisent
le nouveau socle commun. Pour que ces nouveaux apprentissages fondamentaux permettent de
faire de nos enfants et de nos jeunes de meilleurs citoyens, avec plus de
mémoire et plus de sens, sans nostalgie ni démagogie.
Prenons des vacances, pour revenir au bon moment nous assurer que ce que nos enfants apprendront leur permettra de construire de meilleurs lendemains.
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Cordialement, Marc Guidoni