Je ne commente pas là l’énième naufrage des pirates d’Astérix.
Si l’on relève l’origine de cette locution latine, on saura qu’elle scandait
les passages du Pape et de la cour pontificale dans les allées du Vatican :
sic transit gloria mundi, « ainsi passe la gloire du monde ». Quel
drôle de destin pour ce souverain pontife, dont l’histoire a fait un roi et à
qui une dépêche rend brutalement aux yeux du monde son statut de serviteur.
Je ne sais pas quoi penser de Benoît XVI. Je suis assurément
un de cette « Génération Jean-Paul II », celle des premières JMJ, devenues les cathos-prides des
années quatre-vingt-dix, celle de l’accession de l’Europe à la liberté. Je ne
suis pas de ceux qui retiennent la rigidité de la doctrine, mais plutôt de ceux
qui ont trouvé alors dans le message de l’Evangile et de son premier témoin quelque
chose qui transporte, qui force à sortir de soi-même et qui fonde chaque jour
mon engagement à servir les autres. Alors, quand s’est éteint ce vieillard qu’était
devenu le Pape, j’ai ressenti un mélange de nostalgie (où était l’homme
dynamique que j’avais rencontré ?) et d’espérance (de soulagement ?).
Je l’avoue, je ne me suis jamais attaché à son successeur. J’ai
lu quelques de livres de Ratzinger, j’ai fréquenté des gens qui le
connaissaient de près. Il était selon eux l’homme de la situation, car il ne
ferait que passer mais que son règne de transition allait être celui de toutes
les réconciliations. Mais gagné par les événements de la vie, et peut-être par
les échos médiatiques en France, je n'ai pas trouvé le temps de l'aimer. Il est vrai que j’ai vu
chez d’autres que moi se ranimer la flamme qui avait brûlé en moi du temps de
Jean-Paul II, les jeunes se rassembler à ses côtés pour à leur tour s’engager
dans leur vie et dans la vie. Une promesse d’éternité. Et ces derniers temps, quelques
prises de position m’ont aussi interpellé.
Voilà, il s’en va. Par cet acte simple il marque qu’il était
bien le successeur de Pierre, alternant les bonnes et les mauvaises choses et
terminant par un acte d’une humilité fondatrice. Gardons-nous de nous réjouir.
Nous ne savons pas quelles conséquences aura ce geste. Qui sera son successeur ?
Nous verrons bien. Il rencontrera chez nous en France le même accueil mêlé de
méfiance et de condescendance. Bâtira-t-il des ponts entre nous et le Ciel ?
Puisse-t-il au moins en bâtir entre les siens, ces chrétiens dont la majorité
silencieuse paraît si désorientée face aux défis de notre société.
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Cordialement, Marc Guidoni