lundi 28 avril 2014

Arythmie éducative (la suite)

Il y a quelques jours encore, en service commandé pour une auguste administration républicaine, j'affirmais comme le Gouvernement que les fondamentaux de la réforme des rythmes ne seraient pas remis en cause par Benoît Hamon, successeur de Vincent Peillon rue de Grenelle. J'ai un peu honte...


Pour mémoire, la réforme Peillon était basée sur 3 principes :
  1. 24 heures d'enseignement réparties sur 9 demi-journées
  2. organisées les lundi, mardi, jeudi et vendredi, et le mercredi matin à raison de 5 h 30 maximum par jour et de 3 h 30 maximum par demi-journée
  3. la durée de la pause méridienne ne peut être inférieure à 1 h 30.
Désormais, la semaine s'annonce toujours sur 5 jours, mais avec seulement 8 demi-journées de classe. Même en comptant sur mes doigts, je ne trouve pas le compte...

On se souvient aussi des grandes ambitions de la réforme des rythmes éducatifs (et non pas des rythmes scolaires d'ailleurs), organisant la semaine autour du rythme de l'enfant pour :
  • faire de tous les temps de la journée 
  • organiser les temps de l'enfant à l'échelle d'un territoire
  • lutter contre les inégalités et favoriser la réussite scolaire.
Censée améliorer les résultats de notre pays à la prochaine enquête PISA, la réforme tenait dans un slogan fort bien trouvé : "une réforme pour mieux apprendre". Pour participer à cet effort, il était question de mobiliser l'ensemble des acteurs de l'éducation des enfants : famille, tiers-lieux (associations d'éducation populaire, mouvement sportif, associations culturelles) et école. Une vraie bonne idée, d'arrêter de couper l'enfant en morceaux et de le considérer comme une personne en croissance à chaque instant, et d'imaginer l'entourer d'adultes préoccupés par son rythme de développement plutôt que par l'horaire de fermeture de la supérette d'à-côté.

Las, les surenchères partisanes auront eu raison de cette juste réforme (difficile de convenir qu'elle était bonne), qu'elles aient été le fait des formations politiques, des inspecteurs de l'Education nationale, des enseignants, des associations d'élus et même des animateurs. Il y avait une vraie possibilité d'être reconnue pour ce qu'elle est. Il faut maintenant apaiser les foules pour que le reste du quinquennat ne soit pas pourri par ce dossier.

Personnellement, je regrette les atermoiements du gouvernement. Avec quelques uns, très peu il faut l'avouer, nous étions convaincus que cette réforme pouvait représenter une vraie opportunité pour notre pays, à travers une meilleure prise en compte des enfants dans l'organisation sociale. Et la fin d'une société dont les normes scolarocentrées ont produit des adultes inquiets de l'avenir. Pour moi, c'était l'enjeu de la réforme : un peu comme le jazz en musique, s'accorder sur le rythme pour donner plus de liberté...

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Cordialement,
Marc Guidoni