Qu’ils étaient nombreux les curieux en ce samedi matin d’été
au pied de la Sainte-Baume, massif varois célèbre pour avoir accueilli dans sa
grotte la plus grande pécheresse de toute la Chrétienté. Ce n’était pourtant
pas cette sainte repentie qui attirait ce matin-là la foule mais bien une autre
jeune femme, sans autre auréole que celle des 40 % d’électeurs que son parti
convainc à chaque échéance électorale dans ce bout de terre désolée, confiée à
l’administration d’un évêque tradismatique. Car
soudain elle était là, celle par qui le scandale arrive. Marion –
MaréchalNousVoilà – Le Pen.
Peu impressionné par la polémique, l’évêque invitait chacun à
s’asseoir pour débattre, espérant sans doute que quelqu’un se lève bientôt dans l’assistance
pour disputer quelques questions. Car c’était là le sujet, bien qu’invitée,
l’élue allait devoir ferrailler, traverser le désert du doute, et défendre sa
foi en l’(a France) Eternel(le). Vous pouvez relire son discours.
Jusqu’ici tout allait bien. L’Eglise s’en tirait bien. Les
Républicains moins, leur représentante locale ayant renoncé à s’associer
à l’événement. Brune, elle redoutait sans doute d’être complice d’une exécution sommaire
tenant de la discrimination anti-blonde… Les socialistes, trop rares dans le
Var, avaient dépêché un édile ultramarin bien trop vite charmé pour rester dans
le jeu.
Tel Monsieur Loyal au milieu de la piste, le journaliste lança la représentation. Il apparut bien
vite complice, car en fait de questions il donnait tant d’occasions
à « Marion » de faire taire ses voisins. Rappelant les uns à l’ordre
sur des propos hors sujet, il autorisait l’autre à citer les saints pères comme
on enfile les perles, montrant sa maîtrise du magistère.
Brillante, elle éteignait ainsi un à un les espoirs de ceux qui pensaient qu’elle
se ferait corriger. Au contraire, et les gazetiers de noter, elle défendait la
cohérence entre son parti et l’Eglise, au mépris des évêques qui en avaient la
veille rappelé les écarts. On vous l'avait dit, fallait pas l'inviter...
J’étais de ceux qui disaient qu’on pouvait discuter. J'étais si sûr de ma doctrine sociale que l'on pouvait la voir venir la pomponnette, sans se faire un sang d'encre. Mais de là à lui servir son assiette de lait et prendre le risque qu'elle se plaise... J’ai
attendu longtemps qu’une question vienne la troubler. Sans résultat. Regrets.
Fallait la poser, pourquoi te taire ? Las… J’ai dit tout fort la veille ce que j’en pensais (ici),
mais je n’ai pas trouvé l’envie de troubler l’apparente quiétude des échanges,
espérant simplement que je n’étais pas seul à penser autrement. Pour vous faire votre idée, allez voir le replay (c'est sans danger).
Vous avez lu le témoignage du Maire de
Grenoble ? Pensez donc : il va à la messe alors qu’il n’est pas croyant, parce que les valeurs
que partagent les chrétiens qui l’y entourent, dont sa femme, nourrissent son
engagement (lire ici : Eric Piolle L'Evangile est un moteur spirituel dans mon action politique). Cet aveu me touche. Il est l’exacte contradiction de ce que j’ai entendu dans le Var, où l'on a laissé dire à une élue du Front national que pour être catholique en politique il fallait professer sa science de la foi plutôt que d'aimer et de servir ses frères.
L'image est la Une du magazine La Vie décembre 2011
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Cordialement, Marc Guidoni